Mardi 23 mars
La fin du désert français ?
La décentralisation avait mauvaise presse sous nos précédentes républiques, parce qu’elle fleurait l’idéologie réactionnaire. Charles Maurras et les nationalistes de l’Action française avaient conçu la « reconstitution des provinces » et les « libertés locales » comme un fondement de leur doctrine. Le maréchal Pétain et ses idéologues comme Gustave Thibon se réclamaient d’une « pensée décentralisatrice ».
Depuis la loi Defferre de 1982, la région peu à peu prend consistance. Certes on peut discuter du découpage administratif (par exemple, pourquoi deux Normandies, pourquoi exclure Nantes de la Bretagne, etc.), mais, vaille que vaille, les régions existent ; elles on un budget, même s’il est insuffisant ; des responsabilités, des projets. Dans leur cadre, le mouvement associatif s’est développé, favorisant les recherches archéologiques, les enquêtes ethnologiques, la défense de l’environnement, la construction des musées régionaux et des écomusées, la mise en valeur en général du patrimoine.
Le mouvement n’en est qu’à ses débuts. Dans un article déjà ancien, Mona Ozouf évoquait « la difficulté particulière de la France à penser les différences régionales ». Il me semble que les choses ont progressé, qu’une conscience régionale s’élabore. Les abstentions des 14 et 21 mars ne paraissent pas le confirmer. Mais c’est un processus de longue durée déjà largement entamé. L’unité de la France doit trouver sa respiration dans la vitalité des régions.
J’arrête là ce blog entamé au début de décembre. Je remercie tous ceux qui ont bien voulu le suivre, ceux qui m’ont adressé commentaires et encouragements, et aussi les lecteurs occasionnels. Qu’on me permette de proposer un autre rendez-vous : samedi 27 mars, pour l’émission de Jean-Noël Jeanneney, « Concordances des temps » sur France-Culture. Cette émission sera diffusée en direct depuis Rennes, où doivent se dérouler les journées de Libération consacrées au Bonheur. Pour moi, ce sera « Madame de Staël et le bonheur ».
Au revoir à tous.
Commentaires
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