Mardi 26 janvier
L’enquête ARVAL (Association pour la recherche sur les systèmes de valeurs) publie tous les neuf ans les résultats d’une enquête sur les valeurs des Français (et des Européens). La dernière enquête est de 2008. En tête vient la famille (87 %) — ce qui ne manque pas d’intérêt au temps des familles recomposées, du reflux du taux de nuptialité et de la montée du divorce (celui-ci est passé entre 1970 et aujourd’hui de 40 000 à 130 000 par an). Au dernier rang, la politique (13 %). Mais la religion ne se porte pas beaucoup mieux (15 %). En complétant l’enquête Arval par des enquêtes de l’INED et l’INSEE et de l’IFOP, le tableau est le suivant :
80 % des personnes âgées de 18 à 79 ans se déclarent « d’origine ou d’appartenance » catholique, mais 80 % des hommes et 70 % des femmes de ce groupe n’assistent jamais à un service religieux.
En 2008, 53 % de la population se disent « croyants » ; 24 % font profession d’athéisme. Entre les deux, ceux dont le cœur balance. Entre 1981 et 2008, les croyants sont passés de 62 à 53 %.
5 % se déclarent musulmans, soit 2 millions d’habitants — chiffre sensiblement inférieur à la population originaire des pays musulmans (estimée entre 5 et 6 millions). On évalue à 40 % le nombre des pratiquants (la prière quotidienne). La présence à la mosquée le vendredi est cependant en hausse, de 16 à 23 % entre 1989 et 2007, une progression due à la fréquentation accrue des jeunes. Louis Maurin, qui publie ces résultats dans son ouvrage Déchiffrer la société française (La Découverte) conclut : « La montée souvent mise en avant d’un intégrisme musulman en France doit être remise à sa juste place. Les intégristes ne constituent qu’une petite minorité des 40 % de musulmans pratiquants, qui, eux-mêmes, représentent 2 % de la population. »
La France compte aussi 2 % de protestants et 1 % de juifs (620 000 personnes).
Le trait majeur de l’évolution est le déclin sensible de la religion en France — de la religion majoritaire, le catholicisme, en particulier. Mais les pratiques rituelles ne reflètent pas exactement l’état des croyances. Celles-ci sont plus intériorisées que jadis, moins respectueuses des dogmes, mais non pas disparues. Dans ce pays largement déchristianisé, on compte seulement 24 % d’incroyants déclarés : il y a de la marge entre la pratique religieuse minoritaire et l’athéisme également minoritaire. Dans cet entre-deux se regroupent à des degrés divers la croyance incertaine, le doute sur un Au-delà inaccessible, le désir de se ménager une possibilité de Dieu, un « sait-on jamais » de prudence paysanne ; c’est le groupe des agnostiques et des mécréants relatifs, lequel n’est pas comptabilisé.
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