Jeudi 14 janvier
Le désastre qui s’abat sur Haïti, après tant d’autres catastrophes naturelles, serre le cœur. Ce pays — l’un des plus pauvres du monde, avec 80 % de sa population au-dessous du seuil de pauvreté et un pourcentage égal d’illettrés, ce pays déjà en perfusion, ne survivant qu’au moyen de l’aide internationale, n’avait vraiment pas besoin de ce supplément de calamité.
À cette occasion, bien des Français ont appris que la langue officielle d’Haïti est le français. Indépendante depuis le début du XIXe siècle, Haïti avait été une colonie française officiellement reconnue par le traité de Ryswick de 1697 et devînt une des perles des Antilles au XVIIIe grâce à l’économie de plantation rendue possible par l’esclavage et la traite négrière.
Le temps de la Révolution française vit la révolte des Noirs sous la conduite de Toussaint Louverture, qui fut capturé par l’armée du général Leclerc et transporté en France où il mourut. Mais un de ses lieutenants, le général Dessalines, reprit le flambeau et libéra des Français Haïti, qui se proclama indépendante le 1er janvier 1804.
De la période coloniale a subsisté l’usage du français — et chez les paysans celui du créole, lui-même issu du français. Haïti a eu et a toujours ses écrivains de langue française, dont le plus connu est sans doute Jacques Roumain (1907-1944), dont le roman posthume, Gouverneurs de la rosée, qualifié de « chef-d’œuvre par André Breton, a connu un succès mondial.
La méconnaissance que nous avons d’Haïti, de son histoire, de sa culture, c’est aussi notre méconnaissance de la Francophonie. Le complexe post-colonial des Français, la crainte que cette institution internationale
( l’OIF créée en 1970) n’apparaisse comme l’instrument d’un néo-colonialisme expliquent les réserves et la timidité des Français eux-mêmes, alors que 63 pays adhèrent à la Francophonie, dont 29 ont pour langue officielle le français. À lire : l’Atlas mondial de la francophonie d’Ariane Poissonnier et Gérard Sournia, aux éditions Autrement (2006).
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