Dimanche 3 janvier
Dans une tribune du Monde daté du 31 décembre dernier, « Je ne suis français que par pure contingence », Maurice T. Maschino, « journaliste, écrivain », place le hasard à l’origine de notre appartenance nationale, en fonction des variations du code de la nationalité : « tel qui hier était français aujourd’hui ne l’est plus ». On peut le dire de l’Histoire en général : tel qui était savoyard ou piémontais est devenu français après 1860 ; tel qui était alsacien est devenu allemand en 1871, de nouveau français après 1918, etc.
Mais, s’il est exact que l’on naît français, anglais ou allemand par hasard, il n’est pas dit qu’on soit condamné à rester toujours français, anglais ou allemand : des milliers d’expatriés volontaires le prouvent chaque année en devenant américains, suisses ou autre chose. Pour les théoriciens allemands de la nationalité et les nationalistes français de la « Belle Époque », ce fameux « hasard » interdisait le principe de la naturalisation, c’est-à-dire d’un choix volontaire : « Nous n’avons pas voulu notre nationalité, écrivait Charles Maurras, nous ne l’avons ni délibérée, ni même acceptée. On naît Français par le hasard de la naissance, comme on peut naître Montmorency ou Bourbon. » C’est justement contre cette théorie du hasard — qui a partie liée ici avec un naturalisme biologique inaliénable — qu’en France la tradition révolutionnaire et républicaine a proclamé comme principe de la nation le « vouloir vivre ensemble ». Un pacte symbolique ou implicite que chacun de nous peut rompre quand il le veut — contrairement au principe de l’hérédité indélébile. Je suis né français par hasard, mais je le reste parce que je le veux.
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