Jeudi 4 mars
Aujourd’hui sort en librairie l’édition n° 101 du Guide Michelin. Ce classique du genre né en 1900 est le produit de deux passions françaises : l’automobile et la gastronomie.
L’automobile d’abord. Quand le premier guide rouge sort, l’industrie automobile française domine. Les principales marques de l’époque, Panhard et Levassor, de Diétrich, Peugeot, Dion-Bouton et les autres lancent sur la route 4 800 véhicules, devançant les marques américaines (4 000) et laissant loin derrière elles les marques anglaises (800) et allemandes (175). Classement d’autant plus surprenant que la France passe avant tout pour un pays agricole au regard de la puissance industrielle allemande et britannique. Mais la France a des ingénieurs, des inventeurs, des bricoleurs de génie, et l’industrie automobile a été d’abord un artisanat.
Les frères Michelin, quant à eux, ont eu l’idée d’adopter le pneumatique à l’automobile. Dunlop avait inventé le pneu mais il était destiné aux vélos. À Clermont-Ferrand, les Michelin fabriquent leurs pneus pour toutes les autos. C’est au cœur de l'essor de l'entreprise qu’ils ont l’idée de lancer un Guide du pneu Michelin, « offert gracieusement aux chauffeurs » et tiré la première année à 35 000 exemplaires (60 000 dès 1902).
Guide de l’automobiliste avant d’être le guide des fines gueules, il fournit une série de renseignements pratiques, la liste des dépositaires, le répertoire des pneus, les accessoires, valves, écrous, pompes, etc. Il donne des conseils sur le gonflement des pneumatiques : « L’air comprimé étant l’âme du pneu, il est essentiel de s’occuper de leur bon gonflage. » Il contient des plans de villes, 13 seulement en 1900 mais déjà une centaine en 1902. Il renseigne sur les garages, les dépôts d’essence, les hôtels.
C’est cette dimension hôtelière qui transforme peu à peu le Guide Michelin en guide gastronomique. En 1926, la première étoile apparaît, et en 1933 la hiérarchie des trois étoiles. Dès lors, nombre d’acheteurs du Guide ne sont pas des automobilistes mais des amateurs de bonnes tables.
Aujourd’hui le succès du Michelin ne se dément pas, malgré une forte concurrence. C’est que la marque reste la première mondiale des pneumatiques (avec 17 % du marché), un beau succès pour un pays en proie à la désindustrialisation. On le sait : l’automobile française résiste encore. Quant aux restaurants trois étoiles, on en compte cette année 26 sur le territoire national.
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