Jeudi 11 mars
« Internet contre la démocratie ? » : c’est le titre du dossier que publie Books (www.booksmag.fr) dans sa livraison n°12 de mars-avril. Ce magazine créé et dirigé par Olivier Postel-Vinay rend compte de l’actualité intellectuelle et politique internationale à travers des articles de la presse étrangère portant sur des livres. Le titre anglais de la revue est discutable, mais passons… Dans le dernier numéro, le magazine appelle à une réflexion sur les rapports d’Internet avec la démocratie. L’article de tête est dû à Evgueni Morozov, d’origine biélo-russe, professeur à l’université de Georgetown, « Le Web au service des dictatures ». Ce texte et les suivants entendent démontrer que, contrairement à une idée reçue, loin de servir la démocratie, la Toile est instrumentalisée au mieux non seulement par les courants extrémistes, intégristes et racistes, mais par les régimes autoritaires eux-mêmes, dont les polices savent désormais parfaitement l’usage et la manipulation. Deux articles sur l’Iran tentent de tracer un bilan de la contestation par les « médias sociaux », et ce bilan est assez négatif. Dans les pays plus tranquilles, Internet « renforce les opinions préétablies » : « la plupart des internautes construisent autour d’eux une sorte de cocon, où ils sont exposés uniquement aux idées auxquelles ils adhèrent déjà. […] Pour employer une expression savante, nous fuyons la dissonance cognitive. » Il en résulte, comme le déplore le philosophe allemand Jürgen Habermas, une « fragmentation » de la communauté civique dans les démocraties, au préjudice du partage des expériences et des opinions contrastées, voire contradictoires.
Mais cette histoire n’en est qu’à ses débuts.
Avec internet,plus besoin de sortir de la caverne,le monde est dans l'écran.Il suffit de mettre en parallèle,l'évolution de l'obésité depuis 20 ans et la courbe du temps passé face a ce même écran pour voir émerger un nouveau chainon de l'espèce humaine,l'homme végétatif...
Il y a une continuité entre certain film de science fiction,"Tron" dans les années 80 ou Matrix plus recement,qui peut etre percu comme un aboutissement de l'homme réseau avec un système politique bien particulier...
Espérons que pour une fois la science réelle ou la fiction fasse fausse route.Autrement après la dette,le réchauffement de la planète,la question des retraites,la crise....on laisse en plus le fascisme en héritage aux générations futurs.
Mais si j'ai bien compris ce ne sera pas un problème puisqu'ils ne s'en rendrons même pas compte....
Rédigé par : eric luce | vendredi 12 mars 2010 à 21:11
Comme souvent (je dois être fondamentalemet centriste) je pense que la réalité est beaucoup moins tranchée que cela.
Ce que l'on peut dire d'Internet, pour une bonne part, pourrait être repris pour d'autres media telles que la radio, la télévision ou les journaux, mais aussi le cinéma et la littérature (voire la musique ...) Tout dépend de qui l'utilise et dans quel but. C'est un truisme mais qui semble ne pas paraître si évident, dirait-on ... Il suffit de se pencher sur l'histoire de la radio et son utilisation par les politiques (par exemple dans les années 30 en Europe) pour s'en rendre compte : symbole de désinformation ou de violence politique, mais aussi instrument de la liberté.
Internet a ajouté divers paramètres qui inquiètent, voire angoissent, car on ne sait pas où ils peuvent mener, notamment une certaine ubiquité de l'information, une capacité planétaire de diffusion extrêmement rapide.
Certains vouent des projets comme Wikipedia aux gémonies car (soi-disant) ils autoriseraient toutes les dérives, il n'y aurait pas assez de contrôle sur les informations etc. En-dehors du fait que c'est partiellement faux, c'est faire preuve d'une singulière indulgence envers les medias précédents : qui pourrait croire qu'il n'existe pas des livres d'Histoire tendancieux et mal-informés, des livres ouvertement racistes ou injurieux, truffés d'approximation ? Toutes les encyclopédies ou dictionnaires seraient parfaits ? Mieux vaut apprendre à lire et chercher sur Internet que de jeter des anathèmes : il s'agit avant tout d'éducation, comme souvent.
Si on devait reprendre l'image du Village planétaire, on pourrait dire que, dans ce Village, il y a des quartiers que les âmes sensibles ou raisonnables déploreront, éviteront voire interdiront à leurs enfants, il y a aussi des quartiers trop polis pour être vraiment honnêtes, bien ripolinés et impeccables. Mais il y a aussi, en assez grand nombre, des quartiers sympathiques, animés, parfois un peu brouillons ou turbulents, humains, quoi.
Ne voir que les premiers ou les seconds et ignorer les troisièmes est courant. C'est quand même faire preuve de cécité ou d'incompréhension et c'est dommage.
Rédigé par : Emmanuel Bompard | mercredi 17 mars 2010 à 15:07