Jeudi 18 février
L’affaire Ilhem Moussaid, cette jeune femme voilée qui figure sur la liste du Nouveau Parti capitaliste dans la région PACA, n’est pas anecdotique ; elle n’ébranle pas seulement « l’identité du NPA », comme l’écrivaitLe Monde, elle pose une question de principe à toute la gauche et, même au-delà, à tous les républicains de droite comme de gauche.
Le problème n’est pas qu’une femme portant un foulard islamique soit candidate à une élection : aucune loi ne le lui interdit. Le problème est que cette candidate à l’élection s’affirme « laïque » et « féministe », ce qui paraît assez difficile à comprendre.
Féminisme ? Le foulard islamique, qu’Ilhem Moussaid le veuille ou non, est très chargé symboliquement : la subordination des femmes en est le sens que la plupart des non-musulmans lui donnent. La servitude, en l’occurrence, peut bien être volontaire, ce n’en est pas moins un signe de servitude, peu compatible avec une affirmation de « féminisme ». Mais, sur le sujet, je laisse les femmes en débattre.
Je m’arrête à la profession de foi laÏque. La laïcité, qui a été le résultat d’une lutte politique souvent violente entre républicains et catholiques, a fini par faire accepter un certain nombre de règles de conduite entre les uns et les autres. L’une de ses implications est un impératif de discrétion : on n’affiche pas ses convictions religieuses dans l’espace public. Car un tel affichage sépare. Celle qui porte le voile tout comme celui qui porte la kipa dans la rue, dans les transports en commun ou dans les tribunes d’un stade n’est pas perçu(e)(e) comme un(e) citoyen (ne) mais d’abord comme l’adepte d’une religion. Or la compétition électorale en France ne se situe pas sur le terrain des rivalités de croyances mais sur celui des affrontements politiques. Non pas entre les fidèles de telle ou telle confession, mais entre des citoyens qui ne partagent pas les mêmes projets sur les affaires publiques. Olivier Besancenot serait-il dans l’incapacité de le faire comprendre à sa protégée ?
Mais l’affaire embarrasse, parce que cette candidature peut être interprétée positivement comme une main tendue par une organisation à la minorité musulmane ; un parti pris de rejet de l’islamophobie qui empoisonne les rapports entre musulmans et non-musulmans. Faut-il, au nom des principes, fermer sa porte aux « autres » ? On répondra à ce souci que si l’on commence à brader les principes, on encourage ipso facto la mise en place progressive d’une mosaïque communautariste, la délaïcisation du débat politique et au bout du compte la ségrégation de fait. Les deux attitudes ont leurs défenseurs, leurs arguments : on peut croire que la controverse ne fait que s’allumer.
bonjour,
merci pour vos brèves que j'apprécie. Une question que je me pose à propos de cette candidate voilée et dans les termes mêmes que vous posez : pourquoi cette affichage d'une conviction religieuse fait-il problème quand celui du Parti Chrétien Démocrate de Mme Boutin, l'ex CDS ou le souvenir du député abbé Pierre (pour ne pas remonter au Chanoine Kir) ne soulève pas le même questionnement ?
Merci d'avance pour une éventuelle réponse.
JFL
Rédigé par : JFL | jeudi 18 février 2010 à 19:13
Puis-je préciser que le choix du NPA s'inscrit dans la tradition du bolchévisme pré-stalinien: par souci d'efficacité,le port du voile était admis lors des réunions des femmes du ZHENDOTEL ,organisme chargé de promouvoir avec doigté la Révolution d'octobre dans les Républiques musulmanes(voir Jack Conrad)?Les choses ont changé avec le petit père des peuples.Il n'y a pas de solution de continuité avec Trotsky,ce que n'a pas aperçu le journaliste Eric Zemmour,qui,dans le Figaro Magazine,demande ingénument si Alain Besancenot a lu les grands auteurs marxistes...
Rédigé par : Blanc | vendredi 19 février 2010 à 07:27
La laïcité n'est pas le problème ,aujourd'hui pour besancenot comme pour d'autres ,l'essentiel est d'exister ou de survivre sur la scène médiatique,d'où la multiplication des dérapages,des mises en scènes.Être présent au 20 heures devient la priorité,il faut occuper l'espace médiatique.Comme si la politique devenait une pièce de théâtre médiocre ou tout est sur joué,pour camoufler un vide désespérant.Besancenot n'est pas avant-gardiste,il est juste dans l'air du temps...
Rédigé par : eric luce | vendredi 19 février 2010 à 18:20