Samedi 9 janvier
Le 4 janvier, M. Éric Besson a fait un « point d’étape du grand débat sur l’identité nationale ». Il s’est émerveillé de son « immense succès populaire » : à la date du 31 décembre, 227 débats avaient eu lieu, le site Internet battait des records : 540 000 visites, 50 000 contributions reçues. Il s’enchantait que les contributions visant l’islam et l’immigration ne dépassent pas 25%.
Ces contributions proposent de réactiver la conscience nationale par le respect des symboles (le drapeau, l’hymne national, la commémoration du 14 Juillet, etc.) Le ministre retient même la suggestion d’un participant : « faire chanter la Marseillaise dans les rencontres de première division des championnats de France des principaux sports pratiqués en France ». Fertile imagination !
Pourtant, très peu d’attention semble portée à ce qui altère le plus la cohésion sociale : le chômage, le travail précaire, des millions de gens vivant au-dessous du seuil de pauvreté (voir le n° de L’Histoire de janvier)… Rien que cette phrase : « Certains participants soulignent l’écart qui se creuse entre les principes républicains qui sont réaffirmés et la réalité de leur vie quotidienne, dans laquelle ils subissent des discriminations pour l’accès à l’emploi ou au logement. »
Le taux de chômage des 15-24 ans (21,2% en 2008 contre 8,2% pour l’ensemble de la population active), le taux de chômage encore supérieur dans les « banlieues » et autres « quartiers sensibles » — concentration massive de populations pauvres — devraient nous alerter : je n’ai rien contre les symboles, la Marseillaise ou le drapeau tricolore, mais le problème social reste la priorité des priorités. Rien n’est simple, il faut le reconnaître, et les mesures n’ont pas manqué pour le résoudre ou l’atténuer. Mais il est illogique, dans ce débat, de confondre les causes et les conséquences. On pourra toujours faire chanter la Marseillaise dans les stades, à la radio et à la télévision, on ne créera pas un sentiment national avec des millions de laissés pour compte.
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