Bonjour !
Le débat sur Wikipedia (relancé entre autres par Pierre Assouline dans la dernière livraison de L'Histoire) vient de rebondir aux Etats-Unis. Le département d'histoire de Middlebury College, une petite université chic du Vermont, vient d'interdire à ses étudiants de citer les articles de Wikipedia, ainsi qu'un article du New York Times le révèle. Il s'est passé que dans le cours d'histoire japonaise, les étudiants ont tous commis la même erreur : ils ont écrit que les Jésuites soutinrent la rébellion Shimabara au 17e siècle. En fait, les Jésuites n'étaient pas en situation de le faire (ils se cachaient à ce moment-là et étaient très peu nombreux). La source de l'erreur ? un article de Wikipedia bien sûr. Et donc haro sur Wikipedia, qui se trouve désormais bannie du département, au sens où les étudiants ne peuvent plus citer cette encyclopédie dans leurs travaux. Plus de citation, mais l'usage demeure autorisé.
L'affaire s'est répandue à la vitesse d'internet dans tous les campus du pays. Certains journaux étudiants ont accusé Middlebury de rétablir la censure. Des professeurs ont fait part de leur expérience. L'un d'eux, qui se trouve être par coïncidence professeur d'histoire japonaise, mais à Columbia, a créé avec l'aide d'une quinzaine de ses étudiants une bibliographie savante de livres et de ressources documentaires d'histoire japonaise, disponible sur Wikipedia. Ce faisant, les étudiants ont dialogué avec des spécialistes qui ont corrigé des articles ou ajouté différentes choses. Cette démarche d'enseignement et de recherche n'est pas exceptionnelle. D'autres enseignants utilisent aussi Wikipedia de manière "active" en mettant à disposition des travaux dans des domaines de recherche pointus. Certains disent aussi que Wikipedia peut être un point de départ utile dans un travail étudiant – mais seulement un point de départ, à utiliser avec précaution.
Jimmy Wales, le co-fondateur de Wikipedia est intervenu en soutenant la démarche de Middlebury. Selon lui, les étudiants ne devraient pas citer un article d'encyclopédie dans leurs essais, pas plus Wikipedia qu'une autre d'ailleurs. Mais il ajoute : "interdire l'usage de Wikipedia serait comme interdire d'écouter du rock and roll".
Au fait : dans Wikipedia langue anglaise, les Jésuites sont toujours crédités d'avoir soutenu la rébellion Shimabara.
Les professeurs mettent en garde leurs élèves et leurs étudiants contre l'inexactitude de wikipedia et ses très nombreux articles qui sont tout sauf neutres.
Très bien.
Et très utile. car wikipedia peut être un piège.
Aucun professeur n'admettra que wikipedia est simplement correcte. Et elle ne tient pas la route comparée à des encyclopédies (des vraies) en ligne, telle Encarta (pas mal d'articles sont malgré tout accessibles gratuitement)ou Encyclopédie de l'Agora et en particulier Encyclopédie de la francophonie, et de nombreuses autres sur des thèmes particuliers, qui exitent et sont très bien (au moins ont-elles le mérite d'être exactes, même si elles sont parfois succintes )
Pour informer des problèmes que pose wikipedia, fabriquant du faux et de la propagande en ligne en quantité illimité et indéfiniment reproductible, (du fait des principes fondateurs de wikipedia qui sont erronnés jusqu'à l'aberration et du fait des méthodes même de wikipedia pour occuper les 1° places de Google, qui sont foncièrement malhonnêtes)j'ai créé un blog qui observe wikipedia et étudie ses résultats http://wikipedia.un.mythe.over-blog.com/
A Th. Bonnafous je répondrai que wikipedia est irréformable, l'expérience le montre, ses participants le disent, sa logique et ses principes permettent de le comprendre, sa pratique le confirme à la puissance v. Il est aussi impossible de changer ses principes et ses règles (c'est un tabou) que de rectifier ses articles car tout le monde peut écrire et c'est l'ignorance qui l'emporte, par la loi du nombre et l'obstination de ceux qui croient pouvoir écrire sur tous les sujets qu'ils ignorent, et par la diffusion de la propagande qui est le fait de groupes organisés que les administrateurs excusent et protègnt.
De nombreux articles du blog le montrent.
Mais pour ce qui est de préparer des bibliographies en ligne pour les élèves et étudiants, et leur apprendre à travailler avec le net, là je ne peux qu'approuver cette excellente idée. Le net est incontournable. Il faut apprendre à s'en servir. Donc ne se fier ni à Google (ses classements) ni encore moins à wikipedia (malhonnête et très médiocre, hormis en informatique, car ce sont des informaticiens et ingénieurs qui la rédigent, pour l'essentiel, sur tous les sujets. On connaît / ou constate leur ignorance phénoménale de l'histoire et de ses méthodes ; idem pour toutes les sciences dites humaines ou sociales)
Cependant wikipedia par ses articles "tout prêts" ne joue pas un rôle positif. Elle est une incitation à la paresse, si les étudiants ne sont pas prévenus, du moins, de l'ampleur de son réservoir d'erreurs et de son manque de neutralité, comme elle dit car aucun rapport à la vérité n'est exigé. C'est pourquoi, quelqu'un qui connaît bien un domaine et qui tente de rédiger des articles ou de corriger, rencontre le fait que ceux-ci sont aussitôt réécrits et plus ou moins massacrés avec quantité d'erreurs et de stupidités qui viennent rectifier son travail.
D'autant plus qu'il existe de nombreux groupes de pression actifs sur wikipedia (protecteurs des idées fascistes, négationnistes, et autres du même genre, partisans du nucléaire, de l'homéopathie, des sectes, de telle religion -pas toutes- , militants de toutes sortes de causes, même les moins dignes )Et là, c'est bétonné : aucune rectification n'est possible. Mais c'est également le cas en sciences et dans toutes les disciplines scientifiques.
Les spécialistes ne sont pas bien venus sur wikipedia, car ils cassent le jeu de la libre écriture de tous. Et ce ne sera jamais eux qui auront le dernier mot. Par définition, car pur cela ils devraient être les plus nombreux. Ce qui est, par définition, impossible
Rédigé par : alithia | 30 mars 2007 à 19:27
Avec « l’affaire Wikipédia », Pierre Assouline a suscité une avalanche de commentaires, parfois moins modérés et moins civils que ceux qui amorcent ce blog. Dans Wikipédia, les articles consacrés à Pétain et à Pie IX avaient fait l’objet de critiques, tout comme la validation par le vote dans la version allemande...
En juin 2006, Roy Rosenzweig (CHNM, université George Mason) a publié « Can History be OpenSource ? Wikipedia and the Future of the Past » (The Journal of American History). Avec son accord, l’article a été traduit, et une adaptation vient d’être publiée dans Historiens & Géographes.
http://clioweb.free.fr/debats/wikirr.pdf
La première partie est une enquête sur l’histoire selon Wikipédia, à partir de nombreux exemples, dont la biographie de Lincoln : « Wikipedia met l’accent sur une approche factuelle, comme si l’accumulation de détails événementiels pouvait garantir une plus grande objectivité »… « Un historien peut attendre une meilleure prise en compte des apports majeurs de l’historiographie récente et à une écriture de meilleure qualité ».
La seconde explore les leçons que les historiens pourraient tirer pour leurs pratiques professionnelles.
Quelques observations :
Tout à fait d’accord avec la formation indispensable de l’esprit critique. Un travail de Sisyphe.
N’y a-t-il pas un risque d’amalgame entre des éléments hétérogènes ? Wikipédia est une encyclopédie, pour l’instant sans comité éditorial. Il faut la comparer à des outils équivalents de vulgarisation (souvent payants), pas à l’ensemble de la production scientifique en histoire. Ni non plus aux bibliographies de concours en 70 pages : dans cet exemple, combien de candidats peuvent vraiment accéder à l’ensemble des références citées ?
Chez les étudiants, l’appétit pour l’information prédigérée a largement précédé l’existence du web (voir la vente des Annales corrigées pour le bac). De même, dans une « civilisation du rapport » , le copier-coller est une des réponses aux demandes croissantes de dossiers à réaliser en dehors des heures de cours ou de TD.
Le succès de Wikipédia comble probablement un vide : combien de sites d’UFR d’histoire ou d’universitaires proposent des contenus conséquents adaptés aux besoins de leurs étudiants ?
Il existe heureusement des exceptions, et les actes de colloques sont de plus en plus diffusés sur le web, tout comme les archives de revues historiques récemment mises en ligne (Persée, Cairn, Revues.org… bientôt L’histoire ?)
Rédigé par : D Letouzey | 07 mars 2007 à 21:29
J'ai corrigé l'erreur de rédaction justement signalée par Guillaume Paumier : en effet, Middlebury a interdit aux étudiants de citer Wikipedia dans leurs "papers", mais pas de l'utiliser. Merci pour votre remarque.
Rédigé par : Pap Ndiaye | 01 mars 2007 à 13:28
Le débat lancé par l'affaire du Middlebury College est intéressant. Le début de votre article est inexact, car vous déclarez que l'université a interdit l'*utilisation* de Wikipédia. Votre formulation suivante est plus correcte : ce n'est pas l'utilisation de Wikipédia qui est interdite, mais sa citation en tant que source.
Votre article montre bien les différentes attitudes qui sont possibles face à Wikipédia. Il y a celle qui consiste à considérer que Wikipédia n'est qu'un ramassis d'erreurs accumulées par des non-spécialistes et doit donc être bannie. Il y a celle, à l'opposé, qui consiste à améliorer Wikipédia et à corriger les éventuelles erreurs.
Et il y a la démarche intermédiaire, pédagogique, que nous conseillons à tous les professeurs et documentalistes, qui consiste simplement à apprendre aux élèves à utiliser Wikipédia, à leur faire prendre conscience de ses limites et à aiguiser leur esprit critique. Wikipédia est certes la solution de facilité pour un étudiant paresseux. Cependant, la multiplication des sources et la confrontation des informations est une démarche qu'il faut apprendre, que l'on parle de Wikipédia, de l'Internet ou des médias en général.
Rédigé par : Guillaume Paumier | 01 mars 2007 à 11:54
Bonjour
Cet exemple n'est qu'un des multiples travers du projet Wikipedia (également bien mis en évidence dans le billet de Pierre Assouline). Professeur de lycée (et par ailleurs formateur dans le domaine des TICE), je suis très fréquemment confronté au réflexe désormais quasi-pavolovien des élèves : Google et Wikipedia. Dans un cas comme dans l'autre, très peu de réflexion sur les mots-clés... et encore moins sur le contenu. Il est donc obligatoire que les enseignants (tous les enseignants) soient vigilants par rapport à la méthodologie de la recherche sur le net, plus particulièrement sur Wikipedia.
Mais bon, il y a peut-être deux solutions :
- que les historiens du monde se prennent par la main pour proposer une encyclopédie fiable, bien informée mais dans laquelle les débats et controverses pourraient être possibles.
- que l'enseignant crée lui-même la base de données historiques à partir de laquelle ses élèves pourront travailler (ce que je fais pour les aspects événementiels et biographiques sur la Révolution française, les deux guerres mondiales) afin d'éviter la fuite systématique vers les articles inégaux, et parfois polémiques, de Wikipedia.
Rédigé par : Thierry Bonnafous | 28 février 2007 à 11:22