Je signale la mort de l'historien Arthur Schlesinger Jr., à l'âge de 89 ans. il était l'un des historiens américains les plus connus dans son pays, à la fois pour ses qualités de pédagogue (il était l'auteur de plusieurs ouvrages sur le New Deal ou la présidence Kennedy) et pour intervenir régulièrement sur la scène publique. En cela, Schlesinger était un intellectuel, au sens français du terme, dans un pays qui ne leur fait généralement pas beaucoup de place.
Il était parfois considéré comme un "historien de Cour", tant sa proximité avec le monde politique était avérée. Il connut personnellement Roosevelt, était ami avec Kennedy, et sa silhouette de petit homme à noeud papillon était familière dans les couloirs du Congrès ou de la Maison Blanche.
On ne trouve rien d'extraordinaire dans ses biographies politiques, ni révélations ni approche méthodologique originale, mais un sens de la formule qui fait mouche, une manière de brosser un portrait, flatteur ou assassin, en quelques lignes, bref, un style. Ce qui m'intéressait le plus dans ses livres, c'était l'auteur lui-même, sa capacité à faire surgir d'un seul coup la vérité d'un Roosevelt infirme se hissant à la tribune du Congrès pour déclarer la guerre, ou de la famille Kennedy à Boston, mortifiée de ce que son origine irlandaise lui fermât les portes de la bonne société locale. Schlesinger était le Saint-Simon de la politique américaine.
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