Dans un entretien accordé récemment au Monde (1), l’anthropologue Françoise Héritier affirme : « Avant [le XVIIIe siècle], les sociétés humaines ont cherché à comprendre comment les femmes arrivaient à donner naissance à des fils. Et face à ce grand mystère, toutes ont apporté la même réponse : les femmes n’y sont pour rien ! ».
C’est tout à fait inexact. Il existe de nombreux témoignages du contraire. Contemporain de César, Lucrèce écrit par exemple : « les enfants sont fabriqués à partir des graines qui courent sous leurs membres. Sous l’impulsion de Vénus, elles ont été projetées l’une contre l’autre par la collusion d’une passion mutuelle, dans laquelle aucune des parties ne se rend maître de l’autre ni ne lui est soumise ».
Françoise Héritier a développé une théorie quelque peu fantasmatique de l’histoire de la domination masculine. Cette théorie se fonde sur une idéologie assez répandue, celle du déterminisme culturel. Elle s’oppose à une théorie non moins répandue, celle du déterminisme biologique. La recherche scientifique de qualité se développe, cela va sans dire, à l’écart de ces idéologies.
Olivier Postel-Vinay
(1) Le Monde2, 3 février 2007.
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